Contes

L’AigleLe vieux grand-pere et le petit-filsLe secret de WilligisHistoire d’un âneLe fou et la fortuneDeux loupsLa Folie et l’Amour  – La valeur d’un pays

L’Aigle

Un paysan trouva un petit aigle qui était tombé de son nid. Il l’emmena chez lui, afin de l’élever avec ses poules.
Un jour, alors que le vétérinaire de la contrée, et ami de longue date de ce paysan, le visitait, il fut profondément étonné de voir un aigle à la basse-cour. Il s’écria: “Comment cela se fait-il?!Un aigle, oiseau majestueux, qui atteindra une envergure de deux, même trois mètres quand il sera adulte, dans une basse-cour!”
“Je le sais”, lui répondit le paysan. “Mais moi, j’en ai fait une poule, de cet aigle! Vois-donc comme il est heureux chez ses copains, comme il picore les graines de blé parmi les volailles!”
“Même s’il se comporte à présent comme tes poules, c’est toujours un aigle, il a le cœur d’un aigle, il doit voler!”
“Non, c’est une poule maintenant!”
Le visiteur était contrarie. Il demanda:
“Tu me le prêtes pour quelque temps? Je vais te montrer que c’est toujours un aigle et pas une poule!”
Le fermier hocha la tête.
“Fais ce que tu voudras, je sais que c’est un poule”.

Le visiteur plaça l’animal sur le plus haut arbre du village. Là, il lui dit:
“Tu es un aigle, tu sais voler! Vole donc!”
L’aigle regarda les arbres, les maisons, les champs mais ne bougea pas. Enfin il vit la basse- cour avec tous les poules, sauta de l’arbre et la rejoignit rapidement.
Le paysan, la voix triomphante, claironna:
“Tu vois donc? J’en ai fait une poule, bien qu’il soit né aigle!”
Son ami n’était pas d’accord.
“Et alors, ce n’était qu’une première tentative. Laisse-moi essayer encore une fois, et tu verras que c’est toujours un aigle!”
Le paysan n’objecta pas. “Fais ce que tu veux, je sais que j’en ai fait une poule!”

Maintenant le visiteur porta le jeune aigle jusqu’à la flèche du clocher, en lui disant: “Aigle, tu es un oiseau, tu peux voler! Tu n’est pas une poule!”
Mais de nouveau l’aigle ne fit que regarder les alentours pour quelques moments et puis il retourna à la ferme.
Le paysan l’accueillit : “Bienvenue chez toi, mon cher poulet!”, et s’adressa a son visiteur: “Cela devrait suffire pour te convaincre, ce n’est plus un aigle”.
“Non, non, bien qu’il se comporte comme une poule, je persiste à croire que c’est toujours un aigle! Il appartient au ciel, pas à la basse-cour! Donne-moi donc encore une seule chance, la dernière, pour te le prouver!”
“Pour moi, tu peux faire ce que tu veux! Tu ne trouveras rien d’autre que ce qu’on a déjà vu.”

Cette fois, le visiteur emmena l’aigle sur une montagne. Il arriva au sommet juste au lever du soleil et chuchota en suppliant: “Aigle, toi qui es le roi des ciels, étends tes ailes, prends ton envol! C’est ton royaume!”
L’aigle trembla un peu, comme envahi d’une nouvelle vitalité…mais ne bougea pas.
Puis l’homme orienta l’aigle de telle façon qu’il faisait face directement au soleil levant. Enfin l’aigle, peu à peu, déploya ses ailes et puis, il prit enfin son envol… volant plus haut… et encore plus haut … jusqu’à disparaitre dans le ciel au delà des montagnes.

 

Le vieux grand-père et le petit-fils

Il était une fois un pauvre homme bien vieux, qui avait les yeux troubles, l’oreille dure et les genoux tremblants. Quand il était a table, il pouvait à peine tenir sa cuillère et souvent il répandait de la soupe sur la nappe. La femme de son fils et son fils lui-même en avaient pris un grand dégoût, et à la fin ils le reléguèrent dans un coin derrière le poêle, où ils lui donnaient à manger une chétive pitance dans une vieille écuelle de terre. Le vieillard avait souvent les larmes aux yeux, et regardait tristement du côté de la table.
Un jour, l’écuelle, que tenaient mal ses mains tremblantes, tomba à terre et se brisa. La jeune femme s’emporta en reproches; il n’osa rien répondre et baissa la tête en soupirant. On lui acheta une écuelle de bois dans laquelle désormais on lui donnait à manger.
Quelques jours après, son fils et sa belle-fille virent leur enfant, qui avait quatre ans, occupé à assembler par terre de petites planchettes. „Que fais-tu là?“ lui demanda son père.
„C’est une écuelle“, répondit-il, „pour donner à manger à papa et à maman quand ils seront vieux.“
Le mari et la femme se regardèrent un instant sans rien dire, puis ils se mirent à pleurer, reprirent le vieux grand-père à table, et désormais le firent toujours manger avec eux, sans plus jamais le rudoyer. (Conte de Grimm)

 

Le secret de Willigis

Dans les armoiries de Mayence, capitale de l’ancien département du Mont-Tonnerre (actuellement la Rhénanie-Palatinat) on trouve deux roues. Une des histoires concernant la présence de ces deux roues est la suivante:
Willigis était le fils d’un pauvre charron. Le curé voyait bien que Willigis était un garçon intelligent et plein de bon sens, et il insista donc pour qu’il aille à l’école. Très vite, le fils du charron devint curé, puis évêque, et bientôt il était archevêque de Mayence, renommé et très populaire dans sa communauté.
Mais dès que le succès se pointe, il attire sans tarder derrière lui la jalousie.
Ceux-là qui enviaient Willigis faisaient circuler à son sujet des rumeurs et des calomnies insinuant que le secret du succès de cet archevêque était le fruit d’une collaboration avec le Mauvais, et qu’il s’agissait là de sorcellerie, de magie noire et d’autres choses de cette sorte. “Après tout, il y a un chambre cachée dans son palais, toujours fermée à clef, et il n’est permis à personne d’y entrer, sauf l’archevêque! Et quand il sort de cette chambre secrète, il semble toujours plus fort et plus serein! Quelque chose de suspect s’y passe!”
Ces rumeurs finirent par arriver à la cour de l’Empereur Otto, qui, naturellement, voulut être fixé sur le secret de Willigis. Ce dernier n’accepta pas d’en parler, mais l’Empereur insista tellement pour qu’il le mène à la porte du cabinet qu’il dut se soumettre.
“Ouvre!”, demanda Otto.
Willigis hésita.
“Moi, l’Empereur lui-même, je te le commande!”
Pas de choix pour Willigis. A contre-cœur, il tourna la clé.
L’entourage de Otto, à commencer par tous les envieux de l’archevêque, et qui espéraient découvrir de grands trésors ou des signes du Mauvais, furent vite déçus.
La chambre était vide , sauf pour deux roues sur un mur, et une grande pancarte, qui disait:
“Willigis, Willigis, n’oublie jamais d’où tu viens!”
Maintenant l’Empereur savait de quelle source Willigis puisait sa vigeur, et il accorda au fils du charron un arme avec deux roues. Cette arme resta le seul bien séculier de Willigis, et il la laissa en mourant à la ville de Mayence.

 

Histoire d’un âne

Un jour, l’âne d’un fermier tomba dans un puits.
Avec l’animal qui gémissait pitoyablement depuis des heures, le fermier se demandait quoi faire :
l’animal était très âgé, et le puits devait disparaître dans tous les cas; le fermier conclut donc que ce ne serait ni pratique ni rentable pour lui de récupérer l’âne.
Il demanda alors à tous ses voisins à venir l’aider pour reboucher le puits, et ils vinrent tous avec leurs pelles.
Au début, l’âne se mit à braire encore plus fort puis, à la stupéfaction de tous, à un moment se tut.
Quelques pelletées plus tard, le fermier regarda au fond du puits et fut étonné de ce qu’il vit :
Après chaque pelletée de terre qui tombait sur lui, l’animal se secouait du sable qu’il recevait sur le dos, et … grimpait dessus.
Bientôt l’âne s’extirpa hors du puits.
La vie submerge de tracas, et pour s’en dégager, il faut se secouer.
Chaque ennui est un tas de sable qui permet de progresser dès qu’on reprend appui.
Il ne faut donc jamais se décourager, et toujours se secouer. (Merci à cet amià Beyrouth qui m’a envoyé cette histoire!)

 

Le fou et la fortune

Un homme avait l´impression qu´il n´avait pas assez de fortune, et un jour il décida de demander au sorcier de la forêt qu´il change ça.
Au bord de la forêt, il rencontra un loup. „Hé, où vas-tu?“, demanda le loup.
„Je vais demander au sorcier qu´il me donne de la fortune!“
„Si tu le vois,“ dit le loup, „est-ce que tu le peux demander pourquoi j´ai toujours faim?“
„D´accord“, dit l´homme.
Un peu plus tard, un arbre lui demanda:
„Où vas-tu?“
„Je vais demander au sorcier qu´il me donne de la fortune!“
„Si tu le vois,“ dit l´arbre, „est-ce que tu le peux demander pourquoi mes racines ne trouvent pas de l´eau bien que je me trouve au bord d´un fleuve?“
„D´accord“, dit l´homme.
Un peu plus tard, il vit une belle femme assise au bord du fleuve.
Elle pleurait. Elle lui posa la même question:
„Où vas-tu?“
„Je vais demander au sorcier qu´il me donne de la fortune!“
„Si tu le vois, est-ce que tu peux le demander pourquoi je suis toujours si triste?“
„D´accord“, dit l´homme.
Enfin il arriva chez le sorcier, qui habitait au milieu de la forêt.
„Grand sorcier, moi je n´ai jamais fortune! Toi, qui es si puissant, donne moi de la fortune, s´il te plaît!“
„Mais oui. Tu en auras!“
Que l´homme était heureux d´entendre ces mots, et il était très pressé. Maintenant il trouvera enfin la fortune!
Il était très pressé en route vers sa nouvelle vie, et l´arbre devait l´appeler:
„Tu as posé ma question au sorcier? Qu´est qu´il a dit?“
„Il dit que tes racines sont bloqués par un pot d´or qui est caché là.
Il faut que quelq´un l´enlève. Adieu, je suis pressé parce que la fortune m´attend!“
La belle femme voulait aussi savoir la réponse du sorcier.
„Le sorcier a dit que tu est tellement triste parce que tu souffres de la solitude. Mais un homme passera bientôt, vous tomberez amoureux et tu seras très heureuse. C´est tout. Je suis très pressé, parce que pour moi la vie va commencer! J´auras de la fortune!“
En quittant la forêt, il rencontra le loup.
„Pas si vite, mon ami! Qu´est-ce que le sorcier a répondu sur ma question?“
„Il a dit que tu as toujours faim parce que tu n´as rien à manger. Mais il a ajouté, si le fou devrait repasser chez toi, il sera à toi, comme déjeuner.“

 

Deux loups

Un vieil Indien était assis avec son petit-fils face au feu de camp . Après un silence, il dit au jeune garçon:
„Tu sais, il en est souvent dans la vie comme si deux loups étaient en combat dans nos cœurs. L’un est vindicatif, aggressif et cruel. Par contre, l’autre est tendre, doux et sympathisant“.
„Et de ces deux, qui gagnerait le cœur?“ demanda le garçon.
Le vieil Indien répondit:
„C’est celui qu’on nourrit“

 

La Folie et l’Amour

La Folie décida d’inviter ses amis pour prendre un café chez elle, Tous les invités y allèrent. Après le café la Folie proposa : On joue à cache-cache?
Cache-cache ? C’est quoi, ça ? – demanda la Curiosité.
Cache-cache est un jeu. Je compte jusqu’à cent et vous vous cachez. Quand j’ai fini de compter je cherche, et le premier que je trouve sera le prochain à compter.
Tous acceptèrent, sauf la Peur et la Paresse.
La Folie commença à compter.
L’Empressement se cacha le premier, n’importe où,
La Timidité, timide comme toujours, se cacha dans une touffe d’arbre
La Joie courut au milieu du jardin.
La Tristesse commença à pleurer, car elle ne trouvait pas d’endroit approprié pour se cacher.
L’Envie accompagna le Triomphe et se cacha près de lui derrière un rocher.
La Folie continuait de compter tandis que ses amis se cachaient.
Le Désespoir était désespéré en voyant que la Folie était déjà à quatre vingt dix neuf.
CENT ! cria la Folie, Je vais commencer à chercher…
La première à être trouvée fut la Curiosité, car elle n’avait pu s’empêcher de sortir de sa cachette pour voir qui serait le premier découvert.
En regardant sur le côté, la Folie vit le Doute au-dessus d’une clôture ne sachant pas de quel côté il serait mieux caché, et ainsi de suite, elle découvrit la Joie, la Tristesse, la Timidité…
Quand ils furent tous réunis, la Curiosité demanda :
Où est l’Amour ?
Personne ne l’avait vu, la Folie commença à le chercher, elle chercha au-dessus d’une montagne, dans les rivières au pied des rochers. mais elle ne trouvait pas l’Amour, cherchant de tous côtés, la Folie vit un rosier, pris un bout de bois et commença à chercher parmi les branches, lorsque soudain elle entendit un cri, c’était l’Amour, qui criait parce qu’une épine lui avait crevé un oeil.
La Folie ne savait pas quoi faire, elle s’excusa, implora l’Amour pour avoir son pardon et alla jusqu’à lui promettre de le suivre pour toujours.
L’Amour accepta les excuses.
Aujourd’hui, l’Amour est aveugle et la Folie l’accompagne toujours…..

La valeur d’un pays

Des princes électeurs allemands avaient une conversation animée dans la salle impériale à Worms, parlant de la valeur de leurs pays.

„Magnifique“, dit le prince de Saxe, „est mon pays et son pouvoir: ses montagnes gardent de l’argent dans des puits profonds!”

„Voyez donc mon pays dans sa plénitude luxuriante.“ dit le prince électeur du Rhin, „des champs de céréales dorés dans les vallées, sur les montagnes du vin noble !“

„Grandes villes, monastères riches“, dit Ludwig, maître de la Bavière, „font que mon pays a des trésors au moins aussi riche que les vôtres”.

Eberhard, le prince bien-aimé de Wurtemberg, dit: „Mon pays a seulement des petites villes, et il ne porte pas des montagnes argentées, mais il cache un bijou spécial:
Quand je me suis perdu dans les grands bois et je suis fatigué et épuisé, je peux en toute confiance poser ma tête sur les genoux de chacun de mes sujets.“

Et le Seigneur de Saxe a appelé, comme celui de Bavière et celui du Rhin :
„Vous êtes le plus riche ! Votre pays porte vraiment de la pierre précieuse !“